S203

Le Registre Polémique


Définition :

Le registre polémique correspond à une prise de position agressive, visant à provoquer la colère du lecteur. L’auteur révolté ouvre ainsi le dialogue et cherche à lancer le débat.


Procédés :


Thèmes :


Exemple :

En 1898, Emile Zola publie une lettre ouverte titrée « J’accuse… ! ». Il y nomme 10 acteurs de l’affaire Dreyfus, et exprime sa colère dans des termes violents. De fait, il s’expose volontairement à des poursuites. 

En effet, il espère, en attirant l’attention sur les failles du système judiciaire, obtenir la révision du procès d’Alfred Dreyfus.


Extrait de « J’accuse »

J’accuse le général de Pellieux et le commandant Ravary d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, dans le rapport du second, un impérissable monument de naïve audace. 

J’accuse les trois experts en écritures, les sieurs Belhomme, Varinard et Couard, d’avoir fait des rapports mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du jugement.

J’accuse les bureaux de la guerre d’avoir mené dans la presse, particulièrement dans l’Éclair et dans l’Écho de Paris, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute. 

J’accuse enfin le premier conseil de guerre d’avoir violé le droit, en condamnant un accusé sur une pièce restée secrète, et j’accuse le second conseil de guerre d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d’acquitter sciemment un coupable. 

[…]

Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour ! 

J’attends. 


Analyse 

Dans cet extrait, Zola prend directement à partie plusieurs acteurs de l’affaire Dreyfus.

En effet, en utilisant la première personne et l’anaphore « J’accuse », il se place dans la posture de l’auteur révolté, luttant pour une cause juste. On s’en aperçoit également dans l’avant dernier paragraphe de l’extrait, où il utilise le champ lexical de la lumière pour montrer sa soif de justice : « lumière, enflammée, au grand jour ».

De plus, les champs lexicaux du crime et du mensonge ainsi que l’utilisation d’hyperboles renforcent cette idée, en montrant l’indignation de l’écrivain. L’ironie et les attaques personnellessont également présentes.

Enfin, en concluant sa lettre d’un très lapidaire « J’attends », il provoque ses adversaires tout en emportant l’adhésion de ses lecteurs.